Al à la salle Pleyel (Paris) le 25 avril 2023
J’ai ressenti une grande déception à la salle Pleyel le 25 avril 2023, lors de la soirée « An evening with Al Pacino », déception d'autant plus vive que cette salle, même délocalisée, se rattache de façon mythique à mon cher Chopin : la salle Pleyel que nous connaissons est située à cet endroit-là depuis 1927, mais Chopin s’est produit aux deux premières adresses, 9, rue Cadet et 22, rue Rochechouart.
Ma déception comporte trois motifs, ce qui est beaucoup. Al n'est pas en cause, il a été tel qu'on le voit dans les interviews sur YouTube depuis une dizaine d'années : loquace, gai, chaleureux, prolixe en anecdotes, humble, et (génie d'acteur oblige) très bon conteur, avec tout de même la particularité — étonnante pour un homme de mots — de commencer beaucoup de phrases sans les finir, et de parler de façon souvent très elliptique (caractéristiques qui expliquent, selon moi, le bazar qu’est la structure de ses films Looking for Richard et Wilde Salomé).
Première cruelle déception : conformément à ce que je craignais au vu du plan de la salle lors de mon achat de billet, j'étais très, très loin de la scène, et je voyais Al en très petit...
J'ai pourtant acheté (huit jours après l’ouverture de la billetterie) au plus cher possible, car, 240 euros, c'était déjà un luxe pour moi, je ne pouvais pas aller dans les 300 euros, les 400 et les 500... Bien sûr, il y avait un écran géant derrière lui, donc je pouvais voir son visage dans la moindre expression. Le problème est que j'ai très vite réalisé que, en fixant son visage sur l'écran, j'avais l'impression d'être chez moi à regarder une interview de lui sur YouTube, et ça, c'était hors de question ; j'avais la chance de le voir de son vivant, je voulais vraiment profiter de ce moment extraordinaire, donc je m'obligeais à le regarder assis sur son fauteuil (et il se levait fréquemment pour nous parler du bord de la scène), avec ce handicap de ne pas bien voir les traits de son visage. De plus, sans tomber dans le « J'en veux pour mon argent », payer 240 euros pour avoir l'impression d'être devant YouTube, NON !
Deuxième volet de cette première déception : l'organisateur ayant cassé les prix graduellement au fil de la période de réservation, des gens qui ont acheté leur billet bien après moi (à 240 euros comme moi, mais aussi à 160, 90 ou — tarif supplémentaire créé dans les derniers jours… — 130 euros) étaient bien plus près de la scène, vraiment très bien placés, à des places qui n’avaient pas trouvé preneur lors de la première vague de tarifs. Concrètement, ça m'a aussi pas mal gâché la soirée, l'injustice de cette tarification anarchique...
Deuxième déception : le déroulement de la soirée a été horriblement consensuel et grand public... Ayant lu dans les jours précédents que l'interview serait menée par Léa Salamé (je n'ai pas la télé, mais je sais que c'est une journaliste politique qui a le vent en poupe), j'ai eu l'intuition que ce serait plus généraliste que vraiment pointu (avec un critique de cinéma, voire un fin connaisseur de la carrière d'Al).
De fait, l'interview (dont les thèmes avaient été choisis en accord avec lui) a été très lisse : l'enfance (Al raconte pour la centième fois l'anecdote de son institutrice montant les étages de l'immeuble pour convaincre sa famille qu'il a un don pour le jeu d'acteur), puis on passe au Parrain sans presque évoquer les années de théâtre. Extrait du Parrain, et Al raconte pour la centième fois que les producteurs ne voulaient pas de lui.
De là, on passe déjà à Scarface !! Aucun film entre les deux n'est réellement évoqué !! Quelle honte... Extrait de Scarface, et Al raconte pour la centième fois qu'il a eu l'idée de faire ce remake en allant voir, sur un coup de tête et avec des amis, la version de Hawks sur Sunset Boulevard.
Ensuite, évocation, avec extrait, de Looking for Richard, film d'Al qui est notoirement assez peu intéressant, donc on frôlait le ridicule. Je suppose que la production a voulu le flatter (à moins qu'il n'ait voulu lui-même ce petit passage de pommade ?). D'ailleurs, n’ayant alors pas encore vu le film, je suis incapable de dire si c'était un extrait ou une compilation de passages tellement c'était mal réalisé.
Puis, extrait de The Irishman, drôle de choix, puisque ce n'est pas un chef-d'œuvre (et, personnellement, je trouve Al presque repoussant avec ce visage de petit vieux que l’on croirait lifté et trop maquillé — c’est la conséquence malheureuse de la technique du De-Aging dans ce film), mais j'ai compris après que c'était un prétexte pour parler de Scorsese.
De là, le temps des questions du public a commencé, j'y reviendrai.
Enfin, on s'est enfoncé dans le ridicule, puisque, cette fois-ci, on a eu droit à un extrait de Salomé, film réalisé par Al : je suppose que c'était une compilation de passages, car c'était totalement anarchique, mais, en tout cas, compilé comme cela, c'était kitsch et de mauvais goût (alors que le film vu en entier — je le verrai un an plus tard — ne l’est pas). Ça a été applaudi pour la forme, je suppose, car il fallait être aveugle pour apprécier. (Mais, joli moment, une jeune femme est allée spontanément vers la scène offrir un livre à Al pour son anniversaire — qui était ce jour-là —, on peut imaginer que c'était Salomé en français.)
On a compris peu après que cet extrait de film était aussi et surtout une introduction au final : dans une demi-pénombre, Al a récité (assis) un long monologue (très certainement issu du Salomé de Wilde, ça n'a pas été clairement dit, je crois).
Si la soirée avait été réussie, j'aurais été très émue d'entendre Al tel qu'il l'a été toute sa vie, sur une scène. Mais, au niveau olympique de déception où j'étais rendue, je n'ai pas apprécié tant que ça ces six ou sept minutes privilégiées, dommage.
Bref, le manque de connaissances de la journaliste a fait que l'on a juste survolé superficiellement la carrière d’Al. Moi qui, dans mon exaltation de néo-fan, croyais passer la soirée entière les doigts dans la prise (je ne pense pas me tromper en supposant que j'étais certainement la seule personne dans la salle qui n'avait vu AUCUN film d'Al Pacino trois mois et trois semaines avant de venir le voir en vrai, et qui, durant ces trois mois et trois semaines, a vu vingt-trois films, dont plusieurs deux fois d'affilée), je me suis surprise plusieurs fois à m'ennuyer, voire à penser à mes activités du lendemain...
Un grand moment : Léa Salamé demandant « Quelle différence y a-t-il entre vous et Robert De Niro ? » On se serait cru dans Télé 7 jours. J'ai d'ailleurs perçu un agacement dans la voix d'Al, qui a tout de même fait de son mieux pour botter en touche poliment (que pouvait-il répondre à une question comme celle-là devant 2 500 personnes et qui ne soit pas repris par la presse le lendemain ?), finissant par dire qu'ils avaient tous les deux un ego.
Autre grand moment : la journaliste avait lu dans les jours précédents (comme beaucoup d'entre nous, probablement) qu'Al avait révélé s'être vu proposer le rôle principal dans Star Wars et avait ajouté sur le ton de la boutade qu'Harrison Ford lui devait sa carrière, propos repris dans la presse mondiale et servi aussi sur la scène de Pleyel, j'ai trouvé ça très futile comme sujet. D'ailleurs, Al a gentiment répondu qu'une phrase était un peu trop vite sortie de son contexte et se retrouvait sur la place publique.
Plus grave : Al a raconté que Tarantino avait beaucoup insisté, il y a quelque temps, pour qu'Al vienne voir L'Épouvantail en projection privée. Après divers refus, Tarantino lui a dit fermement de venir voir juste le début. Al a accepté et a été étonné de redécouvrir la première séquence (la longue scène muette, avec les deux acteurs sur la route), il ne se rappelait pas que c'était si bien filmé. À ce moment-là, humblement, Al recommande de voir ce joli film, et la journaliste rebondit : « Ah bon ? D'accord, on le regardera. »
Hein ????? Elle interviewe Al Pacino sur scène sans avoir vu L'Épouvantail ? Sans avoir le tact de dire, par courtoisie, que les deux tiers des spectateurs dans la salle ont sûrement déjà vu le film ? J'avais honte. D'ailleurs, c'est peut-être mon imagination, mais, lorsqu'il a salué la journaliste à la fin, j'ai trouvé qu'il surjouait la reconnaissance, je pense que c'était pour masquer, au contraire, son sentiment que la soirée n'avait pas été si formidable que ça.
Ah, le gag : en début de soirée, une assez longue compilation d'extraits de films avec Al a été montrée (ça commençait mal : c'étaient des extraits de trois secondes, jamais plus longs, et sans aucune logique, il me semble), puis Al est venu sur scène, acclamé, la journaliste l'a rejoint, et l'on a vu sur écran géant qu'il lui a fait une bise, pas deux, alors qu'elle lui tendait la joue pour la deuxième, donc, penaude, elle s'est éloignée, et, le temps qu'il comprenne qu'elle avait attendu une deuxième bise, il a essayé de rattraper sa bévue, mais a embrassé le vide, car elle venait de s’éloigner ! Va-va-voum, ça commençait fort ! :-)
Deuxième volet de ma déception quant au choix de Léa Salamé pour mener l'interview : elle n'est clairement pas tout à fait bilingue. Certes, elle se débrouille très bien, mais je suis persuadée qu'elle passe à côté de beaucoup de détails, comme nous autres dans la salle (Al a quand même un accent assez prononcé), ce qui faisait qu'elle ne pouvait pas rebondir de façon improvisée sur les détails qu'il fournissait, elle suivait scrupuleusement (scolairement, disons le mot) ses notes et son fil conducteur...
Elle a en particulier fait une bourde énorme (autant par son non-bilinguisme que par sa connaissance insuffisante d'Al) : lorsqu'il a énuméré vaguement ses projets en cours ou à venir, il nous a appris qu'il allait jouer Le Roi Lear (avec, il me semble, David Mamet, dramaturge et réalisateur avec lequel il a déjà, et souvent, collaboré). Et elle n'a pas rebondi !! Al, passionné de Shakespeare, qui est son idole, va jouer Le Roi Lear à plus de 83 ans (et après d'innombrables nanars depuis quinze ans), et elle ne réagit pas ??
Troisième et dernière déception : les questions posées par des spectateurs ont été la source d'un énorme malaise... L'image des Parisiens en était vraiment dégradée, j'avais honte.
De prime abord, de très nombreuses personnes se sont précipitées vers les hôtesses tenant un micro, c'était touchant ! Léa Salamé a un peu paniqué, ne s'attendant pas à autant de monde, et elle a prévenu que tout le monde ne pourrait pas passer.
Le premier : homme dans la petite quarantaine, mince, plutôt élégant, propos assez incohérents et tournant en rond, demandant x fois à Al « Vous me voyez ? » (La journaliste a fini par répondre, agacée : « OUI ! Il vous voit ! ») Pas mal de gens ont commencé à s'impatienter, siffler et crier « La question !! ». Enfin, il déclare : « Depuis des années, on me dit que je vous ressemble, monsieur Pacino, qu'en pensez-vous ? » Bronca dans la salle ! Comment peut-on être narcissique au point de poser une telle question à un immense acteur et devant une salle pleine ?? Et, comble du ridicule, on voyait sur grand écran que la ressemblance était infime, quasi inexistante.
Je me suis demandé : alcool ? drogue ? happening dadaïste ?
Très intelligemment, Al a répondu : « Euh, en fait, je ne vous vois pas si bien que ça ». De là, sous les huées, l'homme (qui a essayé de calmer les gens, en pure perte) finit par poser une question, dont je ne me souviens plus, si ce n'est qu'elle était complètement inintéressante, car je me souviens qu'Al a fait de son mieux pour répondre quelque chose de relativement long, et qu'il a eu la gentillesse de dire que la question était intéressante.
Puis une jolie femme dans la petite quarantaine, avec une robe de soirée, il me semble, prend le micro, et l'on se dit que le cauchemar est fini. Elle commence en disant qu'elle est très nerveuse (mignon), qu'elle a une question à poser, qu'elle répète ce moment depuis trente-cinq ans devant son grille-pain (là, je pense que l'on a été nombreux à deviner qu'un nouveau gros problème commençait à poindre), et elle se répand elle aussi dans de trop longues considérations personnelles (dans un anglais à couper au couteau, comme tous ceux qui prendront le micro ; la réputation des Français d'être mauvais en langues n'est pas un mythe). Ça commence déjà à siffler et protester un peu partout (« La question !! »), elle aussi essaie de calmer les gens. On comprend en gros qu'à douze ans, elle a vu Scarface à la télé, en a été bouleversée, et qu'elle a décidé alors de devenir scénariste.
Amabilité d'Al : « Ah, formidable. Donc vous êtes devenue scénariste ? »
La jeune femme : « Non. »
Tollé général, les gens étaient dingues, des centaines de spectateurs la huaient. Comment dire quelque chose d'aussi narcissique et inutile à une icône vivante ?
Mais le pire était à venir. Cette jeune femme finit par demander à Al quel rôle il rêverait de jouer ; il répond de son mieux (aucun souvenir de sa réponse), et là, très sérieuse, elle dit au micro, pour conclure : « Eh bien, je vais vous écrire ce rôle. » BRONCA XXL !!! La honte ! J'avais tellement honte d'être française à ce moment-là…
À ce stade-là, Léa Salamé devait être au bord de l'arrêt cardiaque. La première hôtesse ayant la poisse, on passe à une autre hôtesse. Un p'tit jeune prend le micro et dit : « Avant de poser ma question, j'aimerais vous raconter une histoire. » Là, le public devient fou (on avait donc droit à un troisième barge d'affilée), ça hurlait de partout, mais le jeune dit immédiatement et ironiquement (en anglais) : « C'est une blague ! C'est une blague ! Vous voyez, monsieur Pacino, comme le public parisien est sympathique ? »
Bon, à part le fait qu'il nous a filé un sacré coup de stress, la blague était bonne, et il a été courageux de la faire. Ce qui est sidérant, c'est qu'en quelques minutes, on a eu un tour d'horizon du Français (et/ou du Parisien) dans toute sa splendeur : le narcissisme et le sans-gêne (les deux premiers intervenants), l'impatience et le côté gueulard (le public, c'était hyper gênant d’entendre cela...), l'impertinence et le courage (le titi parisien qui a provoqué le public, de façon improvisée).
Les autres interventions ont été plus classiques (à part une, voir ci-dessous), mais j'étais tellement tendue par ce qui venait de se passer, par l'ambiance quasi insurrectionnelle, et j'étais tellement mal à propos de l'image que nous donnions, intervenants et public, à Al, que j'ai tout oublié ou presque.
Une quatrième personne a elle aussi fait fort. Une très jolie jeune femme, robe de soirée, pas loin de moi, s'est levée dans la seconde au moment de l'appel des volontaires, donc je présume qu'elle avait préparé son coup.
— Bonjour, monsieur Pacino. Avez-vous vu le spectacle du Moulin Rouge ?
— Euh… non.
— (surjouant l'air ravi et enfantin) Ah bon ? Oh alors venez le voir, je suis danseuse dans le spectacle !
Grotesque !! Comment ose-t-elle inciter une si grande star à changer son planning ? Ou est-ce juste un coup de pub pour le Moulin Rouge devant 2 500 personnes ?
Le public a applaudi et donc plutôt bien pris son côté gonflé (genre « la jolie ambitieuse qui n'a pas froid aux yeux » ou « Ah, le Moulin Rouge, le Gai Paris éternel ! »), mais, moi, j'ai été consternée par cette nouvelle couche d'égocentrisme. La France va mal si ça reflète sa population !
Al a une fois de plus réagi en gentleman, laissant entendre que, d'ici son départ le surlendemain, son planning était plein à ras bord, mais que, comme son médecin lui avait demandé de retarder son départ à cause d’un problème à une oreille, pourquoi pas... Boum, tout le monde applaudit (genre « Trop forte, elle a obtenu gain de cause. ») Pfff... Rien à voir avec le sérieux et la modestie des gens qui posent ordinairement des questions à Al (c’est visible sur YouTube)…
Mais on peut toujours trouver des perles dans la boue : cette avalanche de moments gênants et hautement stressants a donné lieu à deux moments très émouvants.
D'abord, à je ne sais plus quelle question, Al a répondu que jouer le personnage de Bobby Deerfield à une période où il n'allait pas bien du tout lui avait fait beaucoup de bien, et il a ajouté qu'il savait que sa performance n'avait pas été très appréciée (quelle façon humble de dire les choses !! Moi, à sa place, je serais bien plus premier degré, en disant que le film est injustement sous-estimé !), mais qu'il recommandait d'y jeter un œil. Quelle humilité après une telle carrière… Ça me bluffe totalement.
Ensuite, à la question « Avez-vous un regret ? », après avoir un peu louvoyé (par pudeur, clairement), il a fini par lâcher quelque chose que, personnellement, je ne l'avais jamais entendu dire dans une interview : son regret que sa mère soit morte si jeune, à quarante-trois ans, alors qu'elle était extraordinaire et qu'elle avait encore plein de choses à vivre, et aussi sa tristesse d’avoir perdu sa mère si jeune (il avait vingt-deux ans), qu'elle n'ait « pas vu tout cela » (façon elliptique et humble de dire « ma célébrité, mon succès, ma réussite ») et, encore plus elliptique, il a ajouté qu'elle aurait eu bien besoin d'un « buck » (un dollar) (façon de dire qu'elle aurait pu bénéficier de sa richesse matérielle si elle avait vécu davantage).
Entendre ce monsieur de quatre-vingt-trois ans parler de la douleur de ses vingt-deux ans, du fait qu’il n’a pas pu montrer à sa mère qu'il était devenu l'un des plus grands acteurs de son temps, ça m'a bouleversée. Quelle force d'âme il a fallu pour percer dans ce métier après un tel chagrin… Et, je le redis, je ne suis pas sûre du tout qu'il ait déjà dit tout cela aussi ouvertement déjà.
Fidèle à moi-même et à mon imaginaire, j'ai été la seule personne à rester dans la salle qui se vidait très vite, les yeux fixés sur le fauteuil où Al avait été assis deux heures durant, me demandant comment j'avais pu ressentir autant de déception alors qu'avaient été sur scène Michael Corleone, Sonny d'Un après-midi de chien, Bobby Deerfield (petite marotte personnelle) et Tony Montana. Un gentil vigile a dû venir me demander si j'attendais quelqu'un travaillant dans l'équipe, ou, dans le cas contraire, de partir.
Revenue dans le hall, je vois des dizaines et dizaines de gens qui attendaient, dont un certain nombre (les plus élégants, ça se ressentait) en haut d'une volée de marches. Au bout d'une dizaine de minutes, je demande à un homme dans la trentaine ce qu'il savait de cet attroupement. J'avais l'impression d'être dans un vieux film italien typique, à la fois drôle, touchant et intrigant, car ce jeune homme était très fort et massif, pour ne pas dire gros, habillé du mieux possible mais serré dans ses vêtements, et accompagné d'une dame, qui avait peut-être l'âge d'être sa maman, et était obèse et minuscule (sans avoir le visage d'une naine, pourtant)... Et tous ces gens chic — c'est ce qu'il m'a expliqué — avaient acheté les places les plus chères (550 euros...) pour pouvoir être pris en photo avec Al... J’aurais adoré avoir un pouvoir magique me permettant d’amener Al vers ce duo d’admirateurs si discrets…
Je n'ai vraiment pas trouvé très chic cette ambiance (payer un demi-smic pour un selfie, et devoir attendre comme des laquais, Al se faisant attendre), et je suis partie, laissant derrière moi ces deux heures passées dans le même espace spatio-temporel que mon — désormais — acteur favori.
Vive Al !