2008 La Loi et l’ordre (Righteous Kill)

Au fil de ce Marathon Pacino, j’ai appris que ce film avait une réputation exécrable et ternissait même la carrière d’Al et de De Niro, cela m’a donc motivée pour essayer de le réhabiliter, si c’était possible.

De fait, après avoir vite compris que nous avions là tous les éléments d’un polar de série B (dans le montage saccadé, la réalisation, la musique, les gros mots au kilomètre, la photographie dans des teintes très sombres et froides, des raccourcis dans la caractérisation des personnages — je pense surtout au fait qu’on les voit sans arrêt arriver sur une scène de crime mais jamais travailler !) et que ça n’allait pas être, sur le plan stylistique, au niveau de L’Impasse ou de Heat, j’ai néanmoins trouvé que ce petit polar était fichu de façon tout à fait honorable (donc pourquoi le descendre à ce point ? On ne lui demande pas d’être en compétition avec le Guépard de Visconti) et qu’il bénéficie surtout d’un énorme atout : le duo Pacino-De Niro, pour interpréter deux collègues complices et inséparables, fonctionne incroyablement bien ! Il ne m’a fallu qu’une grosse vingtaine de minutes pour vraiment regretter qu’ils n’aient pas pu interpréter ce duo au long cours, dans une série à la Amicalement vôtre.

Assez curieusement, leurs personnages ressemblent beaucoup aux leurs dans Heat : De Niro concentré, secret, assez taiseux (mais bien plus colérique que dans Heat, et sex-machine dans son rapport à sa petite amie, alors qu’il était si classe et romantique sur ce point dans Heat, dommage…) ; Al décontracté et coolissime (à la 7e minute : même à 68 ans, il n’y a personne au monde qui dise « Oh yeah » de façon plus cool que lui !), et, Dieu merci, beaucoup moins coq du village que dans Heat.

L’ensemble se regarde sans déplaisir, et ces deux grands acteurs jouent encore terriblement bien dans l’ensemble (mention spéciale à une brève scène sur la fin où De Niro, vers lequel convergent de plus en plus les soupçons, se montre terrifiant, de façon totalement minimaliste dans son jeu, rappelant en quelques secondes son personnage des Nerfs à vif dix-sept ans plus tôt). Je suis donc étonnée de voir sur Internet les centaines d’avis assassins, qui parlent même d’absence de suspense, alors que suspense il y a ! Complètement ! Cela me donne l’impression que, lâchement, personne n’ose émettre un avis positif de peur d’être moqué.

Soit dit en passant : le personnage de leur collègue féminine (également petite amie du personnage de De Niro) fait penser énormément à son équivalent (très, très lisse et sage) joué par Hilary Swank dans Insomnie, mais en étant bien plus intéressant. À défaut de donner un premier rôle à une actrice (ce qui est hélas tellement moins fréquent que les premiers rôles pour les acteurs, ça commence à changer enfin), j’estime qu’il faut au moins lui écrire un second rôle un peu étoffé et un peu complexe, et c’est le cas ici, heureusement.