2007 Ocean’s thirteen
J’ai commencé ce film en étant très partagée.
D’un côté, je me forçais à le regarder, uniquement pour ce Marathon, puisque je n’avais volontairement jamais rien vu de la série des Ocean’s, car je n’aimais pas ce que j’en percevais (et qui s’est révélé strictement exact…) : film choral plein de stars, ce qui ne permet pas un approfondissement des personnages ; intrigue, montage et dialogues ayant pour visée de créer un effet cool, malin et glamour. Bien que je comprenne que tous les cinéastes du monde entier ne sont pas condamnés à faire des variations des Fraises sauvages et du Septième sceau, il n’empêche que des films paraissant plus superficiels que d’autres et étant avant tout des exercices de style ne me donnent pas envie de les voir… Un contre-exemple absolu est Rusty James de Coppola : exercice de style total (dont, entre autres, le choix du noir et blanc et des incrustations couleur pour quelques secondes), conjointement à une immense densité émotionnelle et psychologique dans la caractérisation des deux personnages masculins principaux.
D’un autre côté, Soderbergh étant à la réalisation, je savais que ce serait de la belle ouvrage, ayant trouvé Magic Mike bien fichu et ayant adoré Liberace, qui est un film parfait, selon moi. J’ai en particulier été fascinée, et plus que touchée, par quelques secondes de transition entre deux séquences, où la caméra monte le long (sur le côté droit) du costume flambant neuf du personnage de Matt Damon avec, en bande-son, une mélodie mélancolique au piano… J’ai aussi une admiration XXL pour le fait que Soderbergh s’occupe lui-même de la photographie et du montage de certains de ses films (surtout quand j’en vois le résultat dans Liberace). C’est un surdoué.
Mon point de vue est que Ocean’s thirteen est juste un divertissement bien fait, sans plus, avec comme handicaps le fait que George Clooney et Brad Pitt jouent le détachement de façon tellement artificielle et narcissique (rien à voir avec le détachement de certaine stars masculines d’autrefois, Errol Flynn, Stewart Granger, Gary Cooper…) et le fait que la caractérisation de la plupart des personnages est juste effleurée, on ne peut s’intéresser à eux (le pire étant Elliott Gould, très fade et transparent dans un rôle pourtant censé être central, Casey Affleck, très fade — il faut des personnages bien plus forts que celui-ci pour bien exploiter la réserve et la douceur de cet acteur —, et Vincent Cassel à peine présent, quelques poignées de secondes en tout, alors qu’il émane de lui immédiatement une impression de mystère et de danger, il aurait pu être un fantastique méchant dans ce film).
En revanche, j’ai adoré qu’Andy Garcia sache jouer au millimètre près pour avoir l’air ridicule et/ou déplaisant (c’est vraiment un grand acteur dans ses quelques scènes), et un élément sauve complètement le film. Lequel ? Suspense… Il s’agit… d’Al.
Attention : ne pas voir là l’éventuel aveuglement d’une fan enamourée, vous pouvez voir sur ce site mon avis négatif sur plusieurs rôles d’Al (y compris un rôle acclamé comme le sien dans Heat). Le fait est que, dans ce film, son incarnation d’un patron de casino sans scrupules et sans classe, impatient, d’un égocentrisme délirant, abusant des UV, et qui va de mauvaise nouvelle en mauvaise nouvelle est un bijou. À chaque fois que l’action se faisait sans lui, j’attendais avec impatience qu’il revienne à l’écran, et je pense que c’est le rôle où il est le plus drôle dans sa carrière. (Ça m’étonne beaucoup, d’ailleurs, que ce rôle plutôt de premier plan — il fait partie des acteurs que l’on voit le plus à l’écran durant le film — ne soit strictement jamais cité à propos des bons rôles d’Al.) J’aurais adoré qu’il y ait une suite centrée autour de son personnage (infiniment plus habité, amusant et intéressant que celui des deux bellâtres Pitt et Clooney).