2005 Two for the money

Étant une admiratrice de Matthew McConaughey deuxième période (films dits sérieux, estime de la critique, Oscar du meilleur acteur), j’étais très curieuse de le voir pour la première fois dans sa première partie de carrière (rôles de bellâtre, talent réduit) et d’essayer de comprendre en quoi il avait pu être si mauvais avant de devenir si bon.

Résultat : je tombe des nues ! Dans ce rôle, il a déjà tout d’un grand acteur ! Au-delà de sa beauté et son charisme magnétiques (sa ressemblance avec Paul Newman dans les traits, la présence et la voix est énorme), il joue très bien, et (tout ressemblance avec un certain Al P. étant fortuite) il est très inventif via de petits gestes et sa voix si particulière (et qu’il travaille certainement : je découvre sur un site Web anglophone que ce n’est pas juste qu’il a un accent texan, ce qui serait déjà une originalité, c’est qu’il a un mélange d’accent texan et d’accent australien, et, qu’en plus, il a une façon de parler bien à lui, j’apprends que ça s’appelle « too cool for school » !).

Comment a-t-il pu végéter dans cette première partie de carrière alors que tout son potentiel était déjà visible ? La réponse est facile (en me basant uniquement sur ce film) : son physique plus que parfait l’a desservi, l’a empêché d’être pris au sérieux durant des années, à tel point que son talent évident a été occulté. Cela me fait instantanément penser à d’immenses acteurs aujourd’hui sous-estimés, pour ne pas dire tombés dans l’oubli (Tyrone Power, Stewart Granger, Fredric March, Errol Flynn, Charles Boyer…), car beaux et classes sur les photos d’archives en noir et blanc, ce qui n’incite pas les gens d’aujourd’hui à vouloir découvrir leur carrière…

McConaughey est tellement chouette dans ce film que, comble de l’ironie, pour la première fois de ce Marathon (29e film en quatre mois et demi), j’ai trouvé (pendant la première moitié du film) qu’Al était moins intéressant que son partenaire !... En effet, Al joue ici, pour la énième fois, ce que j’appellerais un dérivé de son personnage dans Heat : grande gueule, plein d’assurance, dominateur, un hyperactif baratineur qui vendrait un réfrigérateur à un Eskimau. En face, la masculinité plus douce, juvénile et féline de McConaughey est forcément plus intéressante. Après, dans la deuxième moitié du film, Al retrouve pleinement grâce à mes yeux, car, ce numéro de cabotin maintes fois fait à l’écran, il le réussit magnifiquement bien, avec maestria et une inventivité permanente dans les effets de voix, les changements d’humeur et les expressions du visage.

Le film se laisse regarder agréablement : il est mineur mais tout le temps bien fichu, avec un excellent rythme. Une belle trouvaille est d’avoir mis le personnage d’Al en couple avec l’actrice Rene Russo (qui, certes, n’a pas été trouvée par casting, elle est coproductrice du film et épouse du scénariste) : bien plus grande que lui, avec ce visage très carré qu’on lui connaît, donc pas celui d’une bimbo, elle joue un rôle qui sort vraiment de l’ordinaire, les pieds sur terre, tranchante et sérieuse pour canaliser et tempérer son mari qui part dans tous les sens (la cocaïne n’est pas évoquée dans le film, mais on peut imaginer qu’elle fait peut-être partie du tableau). C’est un couple de cinéma attachant et qui sort de l’ordinaire, mais ce personnage féminin est bien moins intéressant dans les scènes où elle est en phase « mamours » avec lui.

Malheureusement, le gros point faible du film est qu’il se passe en permanence dans le milieu des paris sur les matchs de football américain. C’est très répétitif et peu intéressant à la longue, peut-être surtout pour le public non américain.

PS - Gros coup de foudre pour ce bref monologue dit par Al : « There's no such thing as too far. You understand ? You push everything as far as you can. You push and you push and you push until it starts pushing back. And then you push some goddamn more. »

Traduction de Google (que je remanie un peu) : « Il n'y a rien de trop loin. Tu comprends ? Tu pousses tout aussi loin que tu le peux. Tu pousses et tu pousses et tu pousses jusqu'à ce que ça commence à repousser. Et alors tu pousses encore. »

J’y ai instantanément vu une métaphore de son talent dans ses plus grands films.