2003 Angels in America (série télé en six épisodes)
J’ai tellement détesté que ça m’a déprimée. Déprimée aussi de découvrir que, cette série qui avait une telle réputation depuis des années, c’était cela... (Al dit lui-même dans son autobiographie qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre.)
Ne regardant jamais de séries, j’ai ici la confirmation d’une grande vertu du cinéma : ce qui peut être bien, voire très bien, en 1 heure 45, est bien trop répétitif sur presque six heures (mention spéciale aux innombrables scènes ennuyeuses où la jeune mariée solitaire et malheureuse et son mari qui se découvre homo font le point sur leur mariage raté et se disputent) et bien trop verbeux, puisqu’il faut remplir ces quasi six heures avec des dialogues (souvent très pompeux et pas crédibles pour un sou).
Un autre point faible est que je ne me suis attachée à aucun personnage : les acteurs sont certainement bons, mais leurs rôles sont (selon moi) mal écrits et/ou antipathiques (à l’exception de l’infirmier noir et efféminé, mais, là encore, le rôle aurait beaucoup gagné à être réduit, dans un film de durée normale). Donc, six heures, c’est très long quand personne n’est vraiment touchant.
Également, j’ai été frappée par la disproportion entre le traitement des personnages féminins (aussi bien la jeune épouse que la mère jouée par Meryl Streep sont fades et leurs états d’âme ne touchent pas, et l’ange joué par Emma Thompson est trop bruyant et ridicule au bout d’un moment pour être un beau personnage) et celui des personnages masculins, dont les variations dans les états d’âme et le comportement sont incessants et écrits au millimètre près. Je pense que la série aurait plutôt dû s’appeler Men in America… Quant aux scènes oniriques et d’hallucination, ça m’a tout simplement mortellement ennuyée, point.
Déception supplémentaire : étant donné qu’Al et Meryl Streep, deux monstres sacrés du cinéma moderne, n’avaient jamais joué ensemble et qu’ils sont liés (à mes yeux) par leur lien indéfectible envers John Cazale et par son cruel décès, je m’attendais à infiniment mieux en les voyant enfin réunis à l’écran, trente ans après leurs débuts.
Je dois ajouter que, en plus d’allusions sexuelles très crues (je suppose qu’il n’est plus possible d’y échapper dans les films, c’est cela ?), j’ai halluciné qu’une scène de sodomie très explicite visuellement et dans les dialogues soit présente à l’écran. (Une triste ironie — je présume que c’est volontaire — fait que cette scène, divisée en deux, est intercalée avec une scène, elle aussi divisée en deux, où Al est très tactile avec un personnage masculin : étant donné le génie et la carrière d’Al, j’ai été humiliée qu’il soit intercalé à l’écran avec cette scène de sodomie ; est-ce un lapsus freudien de la part du réalisateur ou de quelqu’un d’autre ?)
Dans quel monde vit-on ? Personne ne se dit que, pour les pré-ados ou ados devant l’écran, c’est terriblement choquant ? Personne ne se dit dans l’équipe de production que cela n’a pas à être à l’écran ? Imagine-t-on Gary Cooper ou Kirk Douglas dans cette scène ? Non, et c’est bien là le problème.
Le fait que cette scène comporte une caricature d’homosexuel complètement démodée (total look cuir, énorme moustache, casquette, trente-cinq ans après les Village People, c’est un peu has-been, non ?) la rend encore plus incongrue dans une série qui se voulait d’exception.
Concernant Al : j’ai d’abord été surprise et déçue, car son personnage d’avocat bruyant, vulgaire, provocateur et manipulateur est fort peu subtil. Même en étant fan, je n’avais aucun plaisir à le voir jouer. Puis, à partir du moment où il est très fragilisé car hospitalisé, le contraste entre son sale caractère et sa peur de mourir est très intéressant, émouvant et surtout magnifiquement joué, il méritait le Golden Globe qu’il a obtenu.
Point-info « Al parle français » : il dit « La Cage aux folles ».